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Naissance d’un projet inter âges

 

L’origine du Centre Saint-Aubain remonte aux années 40-45. Le Centre Saint-Aubain hébergeait à l'époque des enfants orphelins ou en état de faiblesses physiques. Peu à peu le Centre, qui avait une mission relevant du contrôle sanitaire, endosse des missions plus sociales, reconnues et financées par l’ONE pour une capacité de 90 lits jusque fin 1989.

 

Entre 1985 et 1989, Jean-Pierre Haquin directeur du Centre à l'époque perçoit peu à peu un changement d’orientation au sein de l’ONE. « La part du politique a pris de plus en plus de place sur la part du pédagogique, le contexte économique y étant sans doute pour quelque chose… Moins d’argent, donc moins de subsides et remise en cause des critères d’attribution. Au 30 décembre 1989, toutes les directions des centres d’accueil ONE reçoivent un taxi post les informant de la modification des critères de subventionnement prenant cours au 1er janvier 1990 », se souvient Jean-Pierre Haquin. L’annonce est brutale : l’ONE coupe les subsides pour les enfants de plus 7 ans. « Pour nous, cela signifiait 70 enfants -hors normes- sur les 90 hébergés avec une perte annuelle de plus de 37 000 euros et une diminution conséquente du nombre d’éducateurs. Je propose alors au CA la fermeture du centre d’accueil avec à l’esprit l’idée de la création d’une maison de repos. Une idée qui faisait son chemin depuis quatre années déjà ».

 

Au fond, c’est cette crise qui a accéléré la concrétisation du projet d’une maison de repos. Mais pas n’importe quel projet. Un lieu où les personnes âgées trouveraient pour la fin de leur vie « une maison à vivre ». Cette idée, Jean-Pierre Haquin l’a laissée mûrir au gré de ses expériences personnelles dans des maisons de repos et d’histoires qu’on lui a rapportées : « Celle de cet homme, Joseph, est déterminante. Ce vieil homme décide de vendre sa maison et d’entrer en maison de repos parce qu’il ne trouvait plus sa place dans un village dont la population rajeunissait progressivement. Il arrive avec sa valise, sa bêche et son râteau… Il était fou de jardinage. Évidemment, on lui a fait remarquer qu’en maison de repos il n’avait plus besoin de ses outils… Il est sans aucun doute mort de chagrin ».

 

 
 
 
Une maison à vivre

 

L’année 1990 est une année de survie pour le Centre Saint-Aubain. « Nous avons réussi à garder les enfants de plus de 7 ans jusqu’en juin. ». Pendant ce temps, Jean-Pierre Haquin met les bouchées doubles et organise une visite systématique d’une vingtaine de maisons de repos en Belgique, au Grand-duché de Luxembourg et en France, avec en tête une image : les résidents ne seront pas tous des « Joseph ». « J’ai douté de ce projet devant des professionnels qui me répondaient : « Mais vous ne connaissez pas les personnes âgées ». Quoique l’on fasse la descente s’amorce toujours ».

 

Face à ses doutes, Jean-Pierre Haquin s’est finalement glissé, le temps d’un instant, dans la peau d’une de ces personnes âgées contraintes d’entrer en maison de repos. Et il en arriva à la conclusion qu’elles rêvaient de pouvoir continuer à vivre mais différemment. « Mais alors, que fallait-il mettre en place pour que ce qui apparaît comme inéluctable soit un peu quelque chose d’autre ? Un endroit où l’on donne à la personne âgée l’envie de tourner la clé de contact pour remettre le moteur en route. Un endroit où chaque personne peut amener ce qui est essentiel pour elle, comme la bêche et le râteau de Joseph. En plus nous avions un atout : la présence d’enfants dans la maison ».

 

Fin 1991, après 9 mois de chantier dans les bâtiments du Centre Saint-Aubain, l’Auberge du Vivier ouvre ses portes avec une capacité de 41 lits. Et c’est ainsi que commence la cohabitation entre personnes âgées et enfants. Un bâtiment principal et ses ailes donnant accès sur des jardins et des lieux de jeux pour les enfants. L’utilisation commune de certains couloirs. L’organisation d’activités et de rencontres entre les générations…

 

Agrandie fin des années nonantes pour passer de 41 à 71 places avec en plus cinq lits de court séjour, l’Auberge du Vivier est fort sollicitée et la liste d’attente conséquente. Aujourd’hui, ce sont une septantaine de personnes âgées et une trentaine d’enfants de moins de 7 ans qui vivent ainsi sur un site de près de 3 hectares.

 

 

 

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